OSLO, Norvège – Le Guide de l’auto s’est rendu à Oslo en Norvège – terre d’adoption par excellence pour les véhicules électriques, lesquels représentent aujourd’hui plus de 50% des ventes de véhicules neufs dans ce pays scandinave – pour un premier contact avec la technologie élaborée par Mazda en matière d’électrification, et pour conduire un prototype encore en cours de développement.
Précisons-le tout de suite, le véhicule que vous voyez sur les photos, identifié par la désignation e-TPV, pour Electric Test Prototype Vehicle, n’est pas le véhicule électrique de série qui sera présenté en première mondiale par Mazda au prochain Salon de l’auto de Tokyo. Il s’agit plutôt d’un CX-30 sous lequel se cache la nouvelle architecture pour véhicules électriques de Mazda, laquelle est composée d’une batterie de 35,5 kWh, d’un moteur électrique, et, éventuellement, d’un prolongateur d’autonomie qui prendra la forme d’un moteur rotatif à un rotor d’une cylindrée estimée à 600 centimètres cubes.
À contre-courant
À la lecture du paragraphe précédent, vous avez compris, qu’encore une fois, Mazda fait preuve d’originalité et d’innovation, voire d’audace, puisque cette approche est presque à contre-courant de la tendance actuelle. Aujourd’hui, cette tendance est de lancer des modèles électriques dotés d’une batterie de grande capacité, et d’une autonomie conséquente, même pour des véhicules compacts. À titre d’exemple, le Kia Soul EV peut être doté d’une batterie de 39,2 ou 64 kWh, au choix de l’acheteur.
Avec une batterie de 35,5 kWh, l’éventuel modèle électrique de Mazda ne pourra concurrencer directement que la version la moins performante du Soul, sans parler des autres modèles électriques alimentés par des batteries de plus grande capacité. À ce sujet, Mazda répond que ses 35,5 kilowatts/heure seront suffisants pour la clientèle visée. C’est peut-être vrai en Europe ou en Asie, mais ce l’est moins en Amérique du Nord où la clientèle potentielle d’un véhicule électrique s’attend à une autonomie supérieure à celle de l’éventuel véhicule électrique de Mazda que l’on estime à environ 200 kilomètres dans des conditions idéales.
Un moteur rotatif comme prolongateur d’autonomie
Pour pouvoir rouler sur de plus grandes distances, Mazda prévoit offrir une version de son éventuel véhicule électrique qui sera munie d’un moteur rotatif agissant comme prolongateur d’autonomie. Questionnés à ce sujet, les ingénieurs de la marque ont juste précisé que ce moteur ne comptera qu’un rotor et qu’il n’y aura pas de lien mécanique entre ce moteur thermique et les roues motrices du véhicule. Bref, ce moteur rotatif agira uniquement comme génératrice pour produire du courant électrique afin d’alimenter la batterie en roulant. Comme ce moteur rotatif ne comportera qu’un seul rotor, on estime qu’il sera d’une cylindrée d’environ 600 centimètres cubes, ce qui n’a pas été confirmé par les responsables du développement du véhicule, ceux-ci se contentant de répéter que cette motorisation était toujours en cours de développement. Parions cependant que ce processus doit être près de la phase finale, puisque le modèle électrique de Mazda sera présenté cet automne à Tokyo.
Aussi, il faut préciser que le choix d’un moteur rotatif, tournant à un régime constant, s’avère très judicieux pour cette application qui est celle d’agir strictement comme prolongateur d’autonomie. De plus, ce moteur thermique pourra fonctionner avec de l’essence, du diesel, du gaz propane liquéfié, voire même de l’hydrogène, comme carburant. Imaginez un moment la possibilité de rouler avec un véhicule électrique alimenté par une énergie propre comme notre hydro-électricité et doté d’un prolongateur d’autonomie alimenté à l’hydrogène. Cela en ferait un véhicule sans aucune émission polluante directe…
La meilleure dynamique de tous les véhicules électriques
Comme mentionné précédemment, j’ai pu piloter un prototype de Mazda, qui n’était pas équipé du prolongateur d’autonomie dont il est question ci-haut, mais seulement du moteur électrique entraînant les roues avant. Au cours des dernières années, j’ai eu l’occasion de conduire à peu près tous les véhicules électriques lancés sur le marché, et je peux vous certifier que le prototype Mazda affiche la meilleure dynamique en virage de tous les véhicules électriques conduits jusqu’à maintenant.
Même s’il s’agit d’un véhicule électrique, le plaisir dans les virages n’est absolument pas dilué au volant de ce prototype, dont le comportement émulait parfaitement celui d’un CX-5, lequel est la référence de sa catégorie pour la dynamique. De ce côté, c’est une réussite admirable.
Un moteur électrique de 140 chevaux
Si la dynamique en virage impressionne, la puissance et le couple laissent à désirer. Le moteur électrique du prototype essayé affiche une puissance chiffrée à 105 kilowatts, ce qui correspond à 140 chevaux, et un couple de 265 newtons/mètre, ce qui équivaut à 195 livres-pied.
Si l’accélération initiale demeure satisfaisante, un moteur électrique développant son couple maximal sans délai dès que l’on enfonce l’accélérateur, la relative faiblesse de puissance et de couple affecte inversement les reprises, ce qui complique les dépassements sur routes secondaires, et risque d’affecter certaines manœuvres comme les entrées sur l’autoroute. Un moteur électrique plus puissant serait certainement souhaitable, surtout dans notre contexte nord-américain. Les concepteurs de Mazda ont mis au point une sonorité typée « électrique » qui ressemble étrangement à celle d’un moteur à quatre cylindres remarquablement bien équilibré et doté d’un silencieux performant. Cette nouvelle sonorité inédite s’avère tout à fait familière et bonifie grandement l’expérience de la conduite.
Pas de rouage intégral au programme
Mazda n’a pas précisé quel serait le type du véhicule électrique de série qui sera présenté au Salon de l’auto de Tokyo le 23 octobre prochain. On ignore donc s’il s’agira d’une berline, d’un hatchback, d’un multisegment ou d’un VUS. Ce que l’on sait cependant, c’est que Mazda entend commercialiser ce nouveau véhicule électrique dès 2020, mais on ignore encore quels marchés seront traités en priorité.
On sait également qu’il s’agira d’un véhicule à traction, le rouage intégral n’étant pas au programme pour cette première plate-forme électrique du constructeur japonais. Ce dernier est cependant conscient de l’importance du rouage intégral pour le marché nord-américain, comme en témoigne la disponibilité de ce rouage sur la récente Mazda3. Le rouage intégral demeure donc à l’étude et pourrait éventuellement être proposé. Si ce n’est pas sur ce premier modèle à motorisation électrique, ce le sera peut-être sur le second – de plus grande taille – qui est en cours de développement.
Le Guide de l’auto sera sur place pour assister à la première mondiale du modèle de série du véhicule électrique de Mazda au Salon de l’auto de Tokyo, et vous transmettre toutes les nouvelles informations à son sujet. Gardez le contact!